

Le père Arnaud MONTOUX, Archiprêtre de la Cathédrale et Curé de la paroisse Saint-Germain d’Auxerre, est aussi, par ailleurs, Maître de Conférence à l’Institut Catholique de Paris.
Ses recherches se situent à la confluence de la Théologie, de l’Histoire de l’Art et de l’Histoire, principalement dans la période médiévale.
Il se propose de vous offrir ici un regard à la fois historique et religieux sur ce magnifique monument…
l’ « église cathédrale »
La Cathédrale, une église plus grande et plus belle que les autres ? Pas forcément, même si c’est sans doute le cas à Auxerre et dans bien d’autres cités… La Cathédrale devrait en fait être appelée « l’église cathédrale » car le mot « cathédrale » est un adjectif.
Une église peut être « paroissiale » quand elle est le siège d’une paroisse (une communauté de chrétiens administrée par un curé), « collégiale » quand elle est le siège d’un collège de chanoines (prêtres vivant en semi-communauté et priant chaque jour ensemble), ou « cathédrale » quand elle abrite la cathedra, le siège de l’évêque symbolisant son autorité.
Quand un évêque arrive à la tête d’un diocèse (en France les diocèses correspondent à peu près à un département), il « prend possession de son siège » : symboliquement, il s’assoit sur sa « cathèdre ». C’est à ce siège qu’il enseigne le peuple chrétien et que, dans des temps plus anciens, il annonçait un certain nombre de décisions importantes relatives à son gouvernement. L’église cathédrale est donc avant tout l’église de l’évêque et le symbole de son autorité.
Mais comme l’évêque dirige son diocèse au nom du Christ, qui est l’Unique Pasteur de toute l’Église, la « tête du corps », son église cathédrale est chargée d’une symbolique particulière : elle est une évocation architecturale particulièrement soignée du Royaume des Cieux.
Y-a-t-il plus poignante image du navire de l’Église conduisant le monde au Ciel, que ce grand vaisseau qu’est la cathédrale d’Auxerre, flottant au-dessus des toits de notre vieille cité ? Les évêques de tous les temps, même s’ils ont eu des responsabilités politiques parfois bien ancrées dans les réalités terrestres, ont toujours eu à cœur de pointer du doigt le Ciel, et le doigt des évêques d’Auxerre pointé vers le Ciel, c’est la grande tour nord de leur cathédrale. Celui qui débouche aujourd’hui encore sur la Place Saint-Étienne, voit dans la magnifique façade gothique de la cathédrale une main à l’index dressé, ou un immense escalier montant à l’assaut des hauteurs ; vouloir visiter ou comprendre une cathédrale en oubliant la destination qu’elle indique, ce serait un peu comme rater un rendez-vous.
Nous vous proposons donc, sur ce site, de vous guider dans cet édifice en vous expliquant quelques éléments essentiels qui vous aideront à le comprendre, à le déchiffrer.