Les gargouilles et chimères

Texte d’Hélène BRUN
Juillet 2020

NOUVEAU (Février 2021)

Découvrez quelques gargouilles en hiver



La cathédrale d’Auxerre comprend de nombreuses gargouilles et chimères.

Qu’est-ce qu’une gargouille ?

Une gargouille est une partie saillante d’une gouttière destinée à l’écoulement des eaux de pluie à bonne distance des murs. Elle se présente sous forme d’une sculpture en pierre ornée d’une figure animale ou humaine souvent grotesque. Elle ne doit pas être confondue avec une chimère, statue d’aspect fantastique et effrayant, d’utilité purement décorative.

Le mot, formé du préfixe grec « garg » qui signifie gorge et du mot latin « gula », la gueule, fait référence au bruit de l’eau dans un gosier et évoque la première fonction de la gargouille : évacuer l’eau de pluie loin des parois en la recrachant par leur gueule ouverte.

Ces gargouilles ont aussi un rôle symbolique très important. Par leur aspect terrifiant, leurs grimaces, elles effrayent et repoussent les forces du mal et les pêcheurs, hors de l’église en les rejetant en même temps que les eaux de ruissellement. Elles avertissent les fidèles du rejet du péché et les incitent à la conversion Elles attestent que le salut ne se trouve que dans la maison de Dieu auprès du Sauveur.

Une des nombreuses gargouilles photographiée par Jean-Paul VOILLIOT

La tradition des gargouilles voit le jour au début du XIIIe siècle avec l’essor du gothique en France. Jusqu’alors, l’eau des toits s’égouttait le long des murs et nuisait aux constructions inférieures. La cathédrale de Laon, vers 1220, est la première à en être dotée pour éviter le ruissellement sur les murs et protéger les parois. A partir de cet exemple, les gargouilles se multiplient, deviennent même des éléments de décoration importants où les sculpteurs donnent libre cours à leur imagination en créant des formes d’une variété prodigieuse.

On peut distinguer plusieurs sortes de gargouilles :

– Les gargouilles animales  majoritaires au début du XIIIe siècle, s’inspirent des bestiaires antiques. Ces animaux, parfois légendaires, sont occupés à combattre ou à dévorer un animal ou un homme, où à une activité humaine comme jouer de la musique par exemple).

– Les gargouilles monstrueuses, comme des dragons ou des monstres anthropomorphes.

– Les gargouilles humaines apparaissent à la fin du XIIIe siècle . Elles jouent un rôle moral en fustigeant les travers de la société : l’ivrognerie, les péchés capitaux ou des attitudes obscènes, sans doute destinées à faire fuir les démons. Plus tardivement sont évoqués des épisodes bibliques (tentation d’Eve, Samson…).

La gargouille a donc un double rôle purificateur : elle évacue les eaux de ruissellement et chasse le péché hors de l’église.

Qu’est-ce qu’une chimère ?

A la différence des gargouilles qui évacuent les eaux de ruissellement, les chimères n’ont qu’une fonction purement décorative.

Ces statues représentent un monde imaginaire rempli de démons grimaçants, d’oiseaux fantastiques ou de monstres grotesques. Situées sur les hauteurs de la cathédrales, juchées sur les balustrades ou aux sommets des contreforts, elles observent la cité et épient les humains. Elles rappellent la permanence du mal dans le monde et incitent les hommes à combattre le péché, à pénétrer dans l’église pour y rencontrer le Seigneur, se convertir et faire son salut.

Une des chimères photographiée par Jean-Paul VOILLIOT

Le personnage de Chimère remonte à l’Antiquité. Dans la mythologie grecque, la Chimère est un monstre hybride à tête de lion, corps de chèvre et queue de dragon ou de serpent. Crachant du feu, elle brûlait tout ce qu’elle rencontrait sur son passage : ville, villages, récoltes, semant la terreur et la désolation. Elle fut tuée par Bellérophon qui, monté sur son cheval ailé Pégase, la cribla de flèches.

Au Moyen-Age, la chimère symbolisait le mal et le malheur qu’elle porte et rappelait que les forces diaboliques présentes dans le monde côtoyaient la présence de Dieu dans le lieu saint.

Les fameuses chimères de Notre Dame de Paris ne furent installées qu’au milieu du XIXe siècle, lors de la grande restauration de la cathédrale par l’architecte Viollet-le-Duc. Il conçut ces œuvres pour recréer l’atmosphère symbolique dans laquelle baignait le Moyen-Age.

Partons à la découverte des gargouilles, chimères et autre bestiaire de la Cathédrale !

Plan de situation (Jean-Paul VOILLIOT)

Cliquez sur les liens ci-après pour les découvrir :

Extérieur nef nord

Transept nord

Base de la tour, face est

Façade occidentale et Tour

Base de la tour sud (inachevée)

Nef sud

Transept sud

Chœur sud